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 ESPACE PRIVÉ

Linepithema humile (Mayr, 1868)

Classification

Nom scientifique : Linepithema humile (Mayr, 1868)
Nom vernaculaire : Fourmi d'Argentine

Règne : Animalia
Embranchement : Arthropoda
Classe : Hexapoda
Ordre : Hymenoptera
Famille : Formicidae
Genre : Linepithema
Origine : Amérique du Sud

Description

La fourmi d’Argentine fait partie des fourmis de petite taille, c’est-à-dire environ 2-3 mm de long pour les ouvrières, qui sont monomorphes (pas d’ouvrière de plus grandes tailles dites major). Les reines sont aptères et mesurent 4-5 mm de long. Leur couleur brune est homogène avec l’abdomen qui est légèrement plus foncé. Le critère d’identification principal de cette espèce est la présence - comme toutes les autres espèces de Dolichoderinae - d’un pétiole (séparation entre le thorax et l’abdomen) à un seul segment. Elle ne possède pas d’aiguillon et les deux premiers segments de son abdomen sont glabres (dépourvus de poils). Elle présente une tête oblongue en forme de goutte d’eau (ovale vers l’arrière et pointue vers l’avant) et les antennes sont composées de 12 segments sans massue (sans segments plus gros au bout).

Comportement et cycle de vie

La fourmi d’Argentine forme des colonies polygynes (plusieurs reines cohabitent dans un même nid) et les reines, dépourvues d’ailes, n’effectuent pas de vol nuptial. Les accouplements se font dans le nid, ce qui évite d’exposer les reines aux prédateurs comme les oiseaux ou les guêpes attirées par les vols nuptiaux. L’unicolonialité permet aux différentes colonies de cohabiter : les ouvrières se reconnaissent et ne se font pas la « guerre » entre nids de même espèce. Les fourmis d’Argentine affectent généralement les communautés de fourmis locales par différents moyens comme la compétition pour les ressources ou les zones de nidification. Elles se distinguent également des autres espèces locales par leur forte agressivité envers celles-ci. Dans la majorité des cas, dans les zones d'invasions, le déclin des fourmis locales est constaté par les scientifiques.

Répartition géographique

La fourmi d'Argentine a été signalée pour la première fois en 1866 à Buenos Aires en Argentine. Linepithema humile s’est étendue à travers le monde, sur toutes les zones à climat méditerranéen. En Europe, le premier foyer d’infestation semble être l’île de Madère avec un signalement en 1882. Les fourmis d’Argentine ont été ensuite introduites involontairement au Portugal et elles ont proliférés le long des côtes méditerranéennes en s'acclimatant en France, en Italie et en Espagne quelques années plus tard. Elles forment aujourd’hui 3super colonies dont la étendue va des côtes italiennes aux côtes atlantiques espagnoles en passant par la France (soit plus de 6 000 km de longueur).

Écologie et habitat

Cette espèce colonise surtout les milieux perturbés par l’homme ou proches de celui-ci (maisons, conteneurs à ordures, etc.). C’est dans les zones anthropisées que les fourmis d’Argentine sont en géneral les plus abondantes. Omnivores, elles peuvent entretenir également une relation de mutualisme avec des pucerons et des cochenilles en les protégeant et consommant en retour leur miellat sucré. Elles sont présentes dans des habitats à ambiance chaude et humide, ce qui peut limiter leur expansion. Leur activité de prospection se fait de jour et de nuit mais cesse lorsque les températures atteignent 40°C ou passent sous les 4°C.

Propagation et dissémination

Du fait que les accouplements se font dans le nid, la fourmi d’Argentine se disperse naturellement sur de courtes distances de proche en proche. Un petit groupe d’ouvrières accompagné soit d’une reine ou d’un couvain quitte le nid pour en former un nouveau.

Observations

Impacts connus

La fourmi d’Argentine est classée parmi les 100 pires espèces invasives dans le monde (selon DAISIE, 2006). Beaucoup d'études scientifiques se sont intéressées aux impacts de la présence de la fourmi d'Argentine sur les fourmis locales mais également sur les autres groupes d'insectes. Dans une majorité de cas, la présence de Linepithema humile entraîne une diminution de la richesse et de la diversité spécifique des fourmis locales au niveau des zones envahies. Ainsi, le nombre d’espèces de fourmis locales tend à diminuer à cause de l’introduction de la fourmi d’Argentine, plus agressive et compétitive. Une étude a été réalisée en 2014 par Berville & Ponel sur deux îles, dont une envahie. Les résultats montrent qu’après introduction de la fourmi d’Argentine, le nombre d’espèces retrouvé sur l’île envahie est de 3, contre 18 espèces de fourmis natives sur l’île non envahie. Cet impact peut également s'étendre aux autres groupes,entrainant notamment des changements parfois importants dans les communautés d’insectes.

Bibliographie

  • Blight O., 2010 - Ampleur et conséquences écologiques de l'envahissement du littoral corse par la fourmi d'Argentine (Linepithema humile, Mayr), 263
  • Blight O., Orgeas J., Renucci M., Tirard A., Provost E., 2010 - A native ant armed to limit the spread of the Argentine ant. Biol Invasions, 12:3785-3793 
  • Blight O., Orgeas J., Renucci M., Tirard A., Provost E., 2010 - A new colony structure of the invasive Argentine ant (Linepithema humile) in Southern Europe. Biol Invasions, 12:1491-1497
  • Blight O., Orgeas J., Renucci M., Tirard A., Provost E., 2009 - Where and how Argentine ant (Linepithema humile) spreads in Corsica?. C.R. Biologies, 332:741-751
  • Casewitz-Weulersse J., Brun P., 1999 - Présence en Corse de la fourmi d'Argentine Linepithema humile (Mayr) (Formicidae Dolichoderinae). Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse - Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, 686:151-162 
  • Cooling M., Hartely S., Sim D.-A., Lester P.-J., 2011 - The widespread collapse of an invasive species: Argentine ants (Linepithema humile) in New Zealand. Biology Letters, 8:430-433